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Témoignage : Le scolyte, un coupable idéal ?

Partie 1 : Une forêt d'épicéa, des scolytes opportunistes

En 1973, j’ai accompagné mon père dans une opération de plantation d'épicéa sur nos terrains du plateau Meusien. Encouragé et subventionné par l’ONF c’est ainsi que furent plantés environ 50.000 arbres.

 

En 2023, je viens de me débarrasser des dernières grumes pour en faire du “bois énergie” c’est à dire des pellets et plaquettes, pas du bois d’œuvre, non, du simple résidu, du déchet.

 

50 ans ce sont écoulés entre ces deux dates, que s’est-il passé? Cette narration n’est qu’un témoignage, les souvenirs d’un homme à qui on a transmis l’amour des arbres.



Retour sur la plantation des épicéas

arbres forêt donner

Epicéas ou Pins sylvestres ?

 

Mon père avait acquis des terrains en friche, des bosquets et des bois. Le remembrement les a regroupés sur quatre sites distincts que nous avons plantés en épicéa communs avec une équipe.

 

Un grand pas (deux pour moi), un coup de pioche, soulever la motte de terre, enfoncer le plan, appuyer sur la motte. Un grand pas (deux pour moi), un coup de pioche, soulever la motte. un grand pas, deux pour moi … .

 

 

 

 

Des Pins Sylvestre vigoureux et élancés avaient naturellement poussé sur certaines parcelles.

 

Ce bel arbre indigène aux branches et troncs à reflets orangés était considéré comme sans intérêt, son usage en bois d’œuvre était très fortement concurrencé par le Pin des Landes et les résineux n’avaient jamais été d’usage populaire en bois de chauffage.

 

Avec la bénédiction de l'ONF la décision fût prise de l'éradiquer pour faire place aux Epicéas.  


La Nature et les arbres

 

Je me souviens encore des brasiers dans lesquels étaient jetés les membres de cette essence déclarée indésirable. Un autodafé pour le bien d’une économie régulée qui se nomme la sylviculture.

 

A cette époque qui parait si lointaine, les hivers rigoureux et enneigés de ma Meuse natale succédaient aux automnes pluvieux et précédaient des printemps tout aussi humides.

 

Les été chauds étaient hachés par les orages. Bref d’eau les Epicéas n’en manquaient pas!

 

Comme tous les enfants, je n’aimais pas les jours de pluie jusqu’à un matin gris ou la pluie frappait à grosses gouttes la fenêtre devant laquelle était campé mon père.

 

Je l’entendis murmurer “Bon temps pour les sapins”, C’est devenu une expression familiale, j’ai appris à aimer la pluie.

 


“Bon temps pour les sapins”, C’est devenu une expression familiale, j’ai appris à aimer la pluie.

La pousse des épicéas en terre meusienne

 

Les années passèrent, les Epicéa grandirent, certaines parcelles furent replantées trois fois, en particulier celles qui avaient connu le plus important peuplement en Pins Sylvestres.

 

La croissance de tous les sujets était inégale, la nature du sol ne leur offrait pas les mêmes chances mais tous grandirent régulièrement, à leur rythme.

 

Le 26 Décembre 1999, la tempête Lothar frappa de plein fouet la Lorraine.

Les vents vont atteindre 155 km/h. Plus de 202 000 hectares de forêts publiques seront détruits ou endommagés, nos plantations n’ont pas été épargnées.

 

En Lorraine, il y aura plus de 21 millions de m3 de chablis (arbres déracinés et couchés à terre).

En une journée, c’est l’équivalent de 7 ans d’exploitation forestière qui est mise au sol.

 

Les bûcherons, les scieries, l’ensemble des acteurs sont débordés.

 


Le début des ennuis...


Les plus belles grumes débardées s’empilent en tas énormes qui sont arrosés en permanence par des canons à eau, comme ceux utilisés pour arroser les champs de maïs. Nous ne le savions pas encore mais la guerre était déclarée...


La suite de ce témoignage :

Témoignage rédigé par Didier, de l'équipe Run for Planet
Mise en page réalisée par Flora

Commentaires: 1
  • #1

    Laure (mardi, 24 octobre 2023 12:58)

    Le témoignage émouvant de Didier, propriétaire forestier dans la Meuse, qui a rejoint l'association Run for Planet cette année.