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Lutter contre la déforestation en Afrique : les défis de demain

Ce nouveau chapitre appartient au dossier sur la forêt africaine. Il aborde les défis que les populations risquent de rencontrer dans leur lutte contre la déforestation.

Car effectivement, compte tenu des enjeux, notamment économiques et sociaux, qui conduisent à la destruction des milieux forestiers, de nombreux freins viennent s’opposer à des changements de direction radicaux.
Nous vous proposons d’aborder trois parties que nous développerons ensuite.
A savoir, les freins politiques, les limites économiques, et les challenges climatiques.

Précédemment dans notre dossier : Les causes de la déforestation africaine, des raisons socio-économiques.


La lutte contre la déforestation en Afrique : quels défis à relever ?

Comment lutter contre la déforestation en Afrique : des mesures politiques et sociales avec l'aide des habitants

Des freins politiques entretenant la déforestation

Un manque de législation efficace

protéger les paysages en luttant contre la déforestation

 

Le levier politique est primordial dans le cadre d’une action organisée en faveur de la forêt africaine. Cependant, comme vous le savez désormais, de nombreux gouvernants privilégient les retombées financières du commerce du bois, des minerais ou du pétrole. Et ce, au détriment des milieux naturels.

 

Il s’agit d’un constat réalisé par de nombreux journalistes spécialistes des affaires africaines.

Lorsque les conséquences sur l’environnement sont prises en compte, des lois et décrets sont promulgués.

 

 

Toutefois, il subsiste souvent un manque d’application de ces textes, lorsque ces derniers ne sont pas tout simplement inadaptés ou obsolètes. De ce fait, le manque de législation efficace freine les efforts qui pourraient être pris en faveur de la forêt africaine.

Une corruption prégnante

Lutter contre la déforestation et protéger les espèces animales comme les éléphants d'afrique

Les politiques publiques insuffisantes ne sont pas le seul obstacle qui s’oppose aux initiatives souhaitables. La corruption des gouvernants est un fait documenté, notamment par Transparency International, une organisation mondiale réalisant un classement des pays avec le plus fort taux de corruption.

 

Elle dispose d’une centaine de sections dans le monde, ce qui lui permet de relever des indicateurs et d’obtenir des informations fiables afin d’établir son barème. 

Le phénomène de corruption réside aussi bien dans les “simples” pots-de-vin que dans le détournement de fonds publics.

 

Ainsi, on la retrouve à tous les échelons de l'administration. Bien qu’elle ne soit pas justifiable en soi, les causes de la corruption se retrouvent aussi dans le faible salaire des fonctionnaires et dans les vides juridiques par lesquels s’engouffrent les plus corrompus.

Hormis le fait que la corruption entrave les projets en faveur de la forêt africaine, elle freine aussi globalement le développement des pays et affaiblit la confiance des populations dans l'État. Aussi, la place de l’informel est d’autant plus prégnante, ce qui renforce davantage les inégalités.

 

Transparency International a ainsi classé la République Démocratique du Congo (RDC) et le Cameroun, respectivement, aux places 20 et 26 sur 100 de leur indice de perception de la corruption de 2022. A titre comparatif, le Danemark obtient le meilleur score avec 90, la France 72. Autrement dit, la RDC et le Cameroun font partie des Etats les plus corrompus du monde. 

Il est donc nécessaire de lutter contre la corruption dans l’espoir de voir des politiques publiques efficaces appliquées. Parmi les outils envisagés, on retrouve des codes et des formations déontologiques, la création d’organisations indépendantes. Cependant, la transition vers une société plus éthique est lente et la lutte contre la déforestation n’attend pas… 

Des leviers économiques, difficilement actionnables

Des moyens insuffisamment engagés

Lutter contre la déforestation en Afrique et aider les populations rurales : village en afrique

Les problématiques de corruption ont alors un impact sur les investissements nécessaires pour restaurer la forêt africaine. Le manque de financements propres, dont les fonds seraient débloqués par l’Etat, pèse sur la situation.

 

Les zones boisées disposent de peu de moyens de protection et de restauration, aussi bien en termes d’agents formés à cela, que de moyens matériels.

 

Les fonds levés en accord avec certaines législations sont relativement faibles par rapport aux moyens qu’il faudrait mobiliser.

 

 

Il serait aussi nécessaire de les rendre accessibles à toutes les parties prenantes, y compris les communautés locales et rurales, pour lesquelles on constate une faible inclusion.

 

Enfin, il y aurait lieu à concevoir des programmes coordonnés entre les différents échelons du pays (national, régional, local…).

 

Par ailleurs, les Etats africains proposent peu de formations pour la protection des forêts, bien qu’on note une amélioration ces dernières années. On pense ainsi au partenariat réalisé par les universités de Douala et de Yaoundé (Cameroun) qui forment de futurs ingénieurs de la protection des milieux naturels, dont les forêts. Ces formations nécessitent souvent de suivre un cursus universitaire dans le domaine des sciences forestières et de la biologie. Lorsque l’offre n’arrive pas à satisfaire la demande, l’aide internationale peut venir appuyer, combler, ou créer sur place les outils de formation nécessaires à la protection de la forêt africaine.

 

Le lien entre démographie et conflits fonciers


femme portant son enfant sur le dos : une image de la démographie et ses effets sur la lutte contre la déforestation

La population africaine continue de croître avec un taux de croissance annuel d’environ 2.7 %. L’Organisation des Nations unies estime que la population de l’Afrique Subsaharienne devrait doubler d’ici 2050.

De ce fait, les besoins, aussi bien en termes d’espaces habitables qu’agricoles, augmentent également.

 

Les zones forestières tropicales et intertropicales sont des régions fertiles pour les cultures de par leur climat et la richesse de leur sol. La pression sur les forêts s’intensifie donc au détriment des espaces naturels.

 

 

Les surfaces rasées destinées à l’agriculture restent majoritairement céréalières, mais leur potentiel écologique est bien moins conséquent que celui des arbres.

 

Par ailleurs, cette pression sur la surface habitable peut mener à des conflits fonciers, entraînant une concurrence quant à l’acquisition de terres. Les revendications territoriales conflictuelles peuvent ainsi prendre la forme de privatisation de zones qui étaient autrefois, et à la connaissance de tous, communes. Les lacunes juridiques relatives aux titres de propriété peuvent aussi mener à un déboisement massif des forêts dans le but de satisfaire la plus grande partie des demandes.

 

L’installation d’habitat dans ces zones boisées réduit la possibilité pour les populations à entretenir une culture d'arbres nourriciers. Ces derniers auraient pourtant la capacité à amener les populations locales vers une forme d’autosuffisance alimentaire et à leur faire profiter d’une source de revenus via la vente des surplus. Il s’agit donc là d’un double défi à relever.

Retrouvez la suite de cet article prochainement !

A suivre : L’impact de l’environnement sur la forêt africaine

Dans notre dossier sur “Les forêts d'Afrique” :

Article proposé par Flora, de l'équipe Run for Planet
Pour la retrouver : linkedin.com

Références :

  • African Economic Research Consortium (AERC). “L'Impact des Conflits Fonciers sur la Productivité des Terres : Preuves du Libéria”. Publié le 08/2021. Consulté sur aercafrica.org
  • Institut National d’Etudes Démographiques. “2022 : Les Nations unies publient de nouvelles projections de population mondiale”. D’après ONU : “World Population Prospects 2022: Summary of Results“. Publié en 07/2022. Consulté sur ined.fr
  • Makers Africa. “Environnement : l’offre de formation en Afrique s’étoffe !”. Publié le 14/11/2022. Consulté sur makers.africa
  • Ongolo S., Karsenty A. “La lutte contre la déforestation en Afrique centrale : victime de l'oubli du politique ?”, Écologie & politique, Publié en 02/2011, p. 71-80. Consulté sur cairn.info
  • Transparency International. L’indice de perception de la corruption 2022 relève le cercle vicieux de la corruption, de la violence et de l’instabilité en Afrique Subsaharienne. Publié le 31/01/2023. Consulté sur transparency.org

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